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1793 - Journal d’opérations de deux commissaires en Xaintrie

Le début de la Terreur en Corrèze

D 29 mars 2021     H 14:08     A Pierre     C 0 messages


La Terreur est le terme communément employé pour désigner une période de la Révolution française entre 1793 et 1794. Elle est caractérisée par la mise en place d’un gouvernement révolutionnaire, centré sur le comité de salut public et le comité de sûreté générale. Ce gouvernement issu de la Convention nationale et la suspension temporaire de la Constitution de l’an I ont pour but de faire face aux multiples troubles que connaît alors la France : révolte fédéraliste, insurrection vendéenne, guerre extérieure menée par les puissances monarchistes d’Europe. La Terreur se caractérise ainsi par un état d’exception destiné à endiguer militairement, politiquement, et économiquement la crise multiple à laquelle le pays est alors confronté. Wikipédia

Source : Bulletin de la Société des Lettres, Sciences & Arts de la Corrèze - 1926 et 1928

Le 15 Brumaire an II (19 novembre 1793) le conseil général de la ville de Tulle et le comité de surveillance réunis rédigent en ces termes le procès-verbal de leur séance : « Un membre du comité expose les circonstances critiques où se trouve la chose publique dans le département. Dans plusieurs communes il fourmille des personnes suspectes, et on ne fait aucune arrestation... Les subsistances inquiètent tous les esprits. C’est un moyen dont se servent avec avantage tous les malveillants pour troubler la tranquillité publique. Déjà il existe non pas une disette réelle, mais une disette factice qui désespère même de bons citoyens. Et si le désespoir s’emparait des cœurs, il ne serait point facile d’arrêter une pareille terreur parce que le défaut de pain ou la crainte d’en manquer prochainement, étouffant toujours la raison, ne laissent entrevoir au peuple son salut que dans des démarches extrêmes et des moyens violents ». Le département a bien créé des greniers d’abondance, mais que de difficultés pour les remplir. Il y a trop d’égoïsme. « Partout règne une méfiance déplacée, les citoyens, les municipalités, les districts mêmes se localisent au lieu de se pénétrer de cette grande vérité que les subsistances doivent être communes comme l’air ». Deux moyens paraissent urgents et efficaces : faire arrêter tous les suspects, et remplir les greniers d’abondance, ainsi « vous arracherez du sein du peuple le vautour qui le ronge ou l’empoisonne, et vous ramasserez des tas de grains ». A 3 heures du soir le directoire du département s’unit au comité pour prendre un décret en 14 articles ; en voici l’essentiel.
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Vingt commissaires sont nommés : Lafon et Treinsoutrot, Brun et Dubernard, Breuil et Puyrémond, pour le district de Tulle ; Faurie et Bertv, Laborde fils et Valette, Nauche et Foulioux pour le district de Brive ; Vachon et Amadieu, Floucaud vieux et Chaize pour le district d’Ussel ; Ventejoul et Regeal, Pomier et Romanet pour le district d’Uzerche. Le 26 brumaire ils recevront les renseignements nécessaires à leur mission. Le décret précise qu’ils doivent voir toutes les autorités, procéder à toutes arrestations, examiner les déclarations de grains, pommes de terre et châtaignes, faire terminer les battaisons et porter aux greniers de subsistances les excédents. « Ils regarderont comme au-dessus du nécessaire à la subsistance d’une famille jusqu’à la récolte tous les grains excédant 4 quintaux par tète composant chaque ménage », déduction faite aussi des châtaignes et pommes de terre « pour tout le temps où ces derniers peuvent donner à vivre ». (Archives de la Corrèze L. 53)

Dès la fin de 1792, la Révolution avait eu à s’occuper de la hausse du prix des subsistances. Pour y remédier la Convention avait adopté le 4 mai 1793 la loi du premier maximum taxant les grains, puis en septembre 1793 celle du maximum général. Les résultats furent déplorables, les grains manquèrent à peu près partout. Pas un seul des registres des comités de surveillance, conservés aux archives, qui ne fasse au moins allusion à ce manque de vivres. St-Pardoux l’Ortigier manque de grains, car la commune fut trop généreuse pour ses voisines. Lubersac multiplie les perquisitions, fait battre tous les gerbiers. Le maire de Meyssac, Labrue, est fort heureux de cinq quintaux de grains qu’a pu lui fournir le grenier de Brive. Treignac se plaint des malveillants qui cherchent toujours à cacher au peuple les denrées de première nécessité, et traite en suspect tout accapareur. Perpezac-le-Blanc, La Chapelle-aux-Saints font fouiller granges et greniers, tant il y a de gens inscrits « comme étant dans une grande nécessité pour recevoir des subsistances ». Quatre citoyens de Puy d’Arnac « manquant absolument de subsistances furent vers le 20 avril 1793 dans la montagne du coté de Sarran, afin de se procurer un peu de grain, ayant laissé à leur départ leur famille réduite à quelques livres de mauvais pain  ».

Pour conclure ces tristes constatations, un arrêté de Brival, représentant du peuple en Corrèze, daté de Tulle, le 5 nivôse an II. « Voyant avec peine que les entraves multipliées que les malveillants ne cessent d’apporter à la libre circulation des grains, répandent dans les campagnes les inquiétudes les plus mal fondées, empêchent l’exécution des réquisitions faites par les municipalités des villes sur les communes qui sont dans l’arrondissement de ses marchés, que la ville de Beaulieu notamment est privée de subsistances par les entraves qu elle éprouve.

«  Les représentants du peuple en rappelant tant aux habitants de Beaulieu qu’à ceux des autres communes où le manque de subsistances se fait le plus sentir, que dans la ville de Bordeaux souvent les habitants au nombre de cent vingt mille se sont vu totalement privés de pain, que souvent ils n’en ont eu qu’un quart de livre par jour et qu’ils sont maintenant réduits à une demie livre par jour et qu’ils ont supporté pendant plusieurs jours et à plusieurs reprises, les horreurs de la famine avec une patience vraiment exemplaire et digne d’éloges. Les représentants du peuple en rappelant que des républicains doivent savoir se passer de tout, hors de la liberté et rappelant que les ennemis de la Révolution voudraient, s’ils le pouvaient, affamer et diviser afin de rétablir les anciens abus et qu’on peut déjouer tous les projets perfides par l’union et par la privation.

« Arrêtent ce qui suit : on veillera à faire faire les réquisitions. Le juge de paix du canton de Curemonte poursuivra suivant la rigueur des lois ceux qui ont arrêté le grain qu’on transportait à Beaulieu le 21 frimaire ». (Archives de la Corrèze, L. 98).

Les subsistances, mais les commissaires auront encore d’autres préoccupations. Le 26 brumaire, à la séance du comité, ils sont solennellement avertis de leurs devoirs. «  Votre patriotisme connu vous a mérité la confiance du département et du comité de surveillance. L’arrêté qui contient votre nomination contient aussi vos pouvoirs et vous annonce toute l’importance de votre mission. Ils sont immenses vos devoirs, puisque vous devez extirper du sein de la société les restes de l’aristocratie, du fanatisme, de l’hypocrisie, puisque vous devez anéantir l’égoïsme et l’accaparement, puisque vous devez briser toutes les barrières de l’intérêt local, chasser la terreur et la disette, rétablir la circulation des subsistances et fournir du pain à tous vos concitoyens. Le premier pas que vous devez faire c’est de vous rendre dans les chef-lieux du district respectif que vous devez parcourir, là vous verrez ensemble :1a société populaire, l’administration du district, le comité de surveillance. A la société populaire vous demanderez des notions générales sur l’esprit qui anime les autorités constituées, sur les aristocrates, les fanatiques, les fédéralistes, surtout les individus suspects et dangereux ; au comité vous réclamerez la liste des personnes arrêtées et les motifs d’arrestation, vous prendrez des renseignements sur les arrestations à faire, et vous les ferez exécuter de concert avec le comité ; au district vous demanderez les copies des déclarations des grains envoyées par les communes, vous concerterez avec l’administration les moyens de vous assurer si elles sont frauduleuses, et vous vous transporterez successivement dans chaque commune pour faire achever de battre ceux qui ont encore des gerbiers, et pour faire porter par chaque citoyen au grenier d’abondance la quantité de grains nécessaires pour payer les arrérages des contributions de 1791, 1792 et les deux tiers de celles de 1793. Sans animosités individuelles vous ferez mettre en état d’arrestation les ci-devant nobles, leurs femmes, les père, mère, épouse, frère, sœur, ayant des émigrés qui ne seront pas nantis d’un certificat de civisme visé par le comité central. Vous ferez conduire à la maison des ci-devant Récollets tous les prêtres réfractaires, et les prêtres conformistes qui ont rétracté leur rétractation. ou prêter le serment avec restriction ; cette tâche vous impose celle de fouiller scrupuleusement les registres des municipalités depuis le mois de septembre 1790 jusques au mois d’août 1792. Vous ferez conduire à la maison d’arrêt tout autre individu qui vous sera dénoncé et déclaré suspect par les sociétés populaires ou les comités de surveillance ; mais dans ce cas vous exigerez des faits, ou des propos ou des actions anticiviques.

«  Inexorables pour l’exécution des mesures prescrites, vous mettrez des batteurs dans tous les gerbiers de ceux qui négligeront leur battaison ; vous aurez soin de prendre les batteurs parmi les vrais sans-culottes, et de les salarier aux frais de celui pour lequel ils travailleront. Ne manquez point de déclarer suspect, de faire conduire a la maison d’arrêt tout citoyen qui s’opposerait à vos opérations, ou par parole ou par action, ou qui chercherait à inspirer au peuple des campagnes quelque crainte sur leur efficacité, un pareil homme serait à coup sûr un mauvais citoyen et sa place est à la maison d’arrêt. Visitez les maisons de réclusion, examinez si elles sont saines…

« Le retour à l’abondance et le repos public sont attachés à votre mission. L’opinion publique vous précède et rien à nos veux ne vous est impossible pour faire le bien. Agissez donc avec fermeté, rapidité, impartialité, et vous êtes sûrs de voir couronner vos travaux par la récompense duc à des républicains : la reconnaissance de vos concitoyens.
« Par le tableau racourci que je viens de faire de vos opérations. vous voyez qu’elles se divisent bien distinctement en quatre classes principales : arrestation des personnes suspectes, versement des grains dans les greniers d’abondance, élévation de l’esprit public, réquisition aux autorités constituées d’exécuter les lois. Je me borne à vous tracer en gros caractères le plan de conduite que vous devez tenir, convaincu que votre zèle et votre patriotisme vous indiqueront tous les détails exigés par l’utilité générale. Le comité vous remet la bombe révolutionnaire entre les mains, c’est à vous de la faire éclater indistinctement contre tous les ennemis de la chose publique »
 [1].

Munis de pareils pouvoirs les commissaires pouvaient tout. Voici le journal d’opérations, le seul retrouvé aux archives, de deux des commissaires du district de Tulle, [2] publié intégralement, avec quelques notes sur les prêtres et les comités de surveillance des communes visitées.

[SAINT-CHAMAND]

« Nous, Joseph Brun et Léger Debernard, commissaires délégués dans le district de Tulle par le Comité de surveillance du département de la Corrèze par leur arrêté du 15 du mois dernier et pour l’exécution des articles du dit arrêté sommes partis de Tulle le 29 du mois de Brumaire et arrivés à St-Chamand le soir à 10 heures (20 novembre 1793).

Le lendemain 30 la municipalité et la commune assemblées dans l’église où nous nous sommes rendus, le nom de la Fraternité a été adopté par la municipalité au lieu de celui de St-Chamand. Nous avons examiné les registres de la municipalité et de l’officier public qui ont été trouvés en règle ainsi que les serments du curé.

Les déclarations des grains nous ont été remises et d’après l’examen nous nous sommes aperçus qu’ils étaient dénués de subsistance et sur l’observation que plusieurs particuliers n’avaient pas encore semé, nous leur avons promis de leur en procurer à la charge que la municipalité veillerait à ce que ce grain fut ensemencé, nous en prévînmes le comité de surveillance central. Un comité de surveillance y a été organisé sur notre invitation. Les cloches ont été dépendues. Quatre individus de la maison de Soulage ont été arrêtés, comme père, mère et frère d’émigrés.

[SAINT-PARDOUX-LES-SAINT-CHAMAND, commune disparue]

Le 1er frimaire nous nous sommes transportés dans la commune de St-Pardoux (1) qui a pris le nom de l’Unité, et dont une cloche a été tout de suite transportée à la commune de la Fraternité ; il n’y a point été question d’opérations relatives aux subsistances.

De retour à la commune de la Fraternité nous avons été, accompagnés des officiers municipaux, à la maison de Soulages pour y apposer les scellés sur les papiers des arrêtés et auxquels il avait été donné des gardes chargés de les surveiller et suivre partout.

Ensuite nous avons visité un château appartenant à Descars émigré et où nous avons trouvé deux tours dangereuses. De là sur l’invitation de la commune avons été visiter un moulin appartenant à un émigré et dont la vente prochaine est réclamée par la commune, attendu que le fermier ne paye ni le prix de la ferme, ni même les contributions. L’estimation en a été faite ce jour d’hui et le procès-verbal envoyé. Les cloches des deux communes ont été pesées et ont produit seize quintaux de métal y compris le tronçon d’une pièce de campagne trouvé à la maison commune. On nous y a aussi promis d’envoyer au département un calice avec sa patène et un ciboire d’argent. L’esprit révolutionnaire parait prononcé dans cette commune. Les déclarations de pommes de terre et de châtaignes n’étaient point reçues ».

L’abbé Sémélès avait été élu curé de St-Chamand en septembre 1791. Son prédécesseur l’abbé Barbail étant mort, d’après M. Poulbrière, vers la lin de 1790. Il avait pour vicaires M. Massoubre et Soulage. Ce Soulage ne serai-il pas : Jean-Marie du Mas Soulage noté comme déportable mais caché. M. Sudour était curé de St-Pardoux. [3]

Le comité de surveillance de St-Chamand s’intitulait : comité des Bougres. Voici les noms de neuf membres choisis pour remplacer ceux qui occupaient d’autres fonctions : Baptiste Chièze, Jean Laimari dit Courti, Jean Arestier dit Froumazou, Pierre Mas dit Gaillard, Joseph Malaurie ; Léger Dubois, Pierre Estrade, Jean Fraissinge, Antoine Daillé. L’agent national, Grange approuvait ce choix.

[SAINT-BONNET-ELVERT]

« Le 2 au matin nous nous sommes rendus à St-Bonnet Elvert, où nous avons fait organiser un comité de surveillance. Cette commune a adopté le nom de l’Egalité. Sur deux cloches nous en avons fait descendre une qui peut peser environ 300 livres. Les registres de l’officier public sont en règle, et dans ceux de la municipalité nous avons trouvé le serment civique du nommé Lalaye ancien archiprétre de Gimel non en règle et qui a été renvoyé au Comité central ; son arrestation a été suspendue à cause de son grand âge qui est de 82 ans.

Le premier serment du curé actuel ainsi que celui de Nissou lors son vicaire et actuellement curé de Reigades avec restriction, mais retouchés l’un et l’autre postérieurement par un serment pur et simple.

Les déclarations des grains, pommes de terre, et châtaignes nous ont été remises et pour nous assurer de leur vérité, le lendemain 3, nous avons parcouru plusieurs villages et avons fait plusieurs visites domiciliaires et nous y avons trouvé 86 setieTs et I quarte de seigle disponible, dont nous avons fait délivrer 21 setiers une quarte aux particuliers de la Fraternité qui n’avaient point semé, et le surplus aux autres particuliers de l’Egalité qui n’avaient point semé.

Au village du Theil de cette commune nous avons lait arrêter 13 setiers I1quarte de blé compris dans la susdite quantité et 16 setiers de blé noir appartenant à Soustre de la commune de Champagnac la Montagne et non compris dans la déclaration de la commune de l’Egalité, nous avons ordonné que le blé noir serait transporté au grenier d’Argentat, attendu que le fils Soustre nous a dit avoir fait sa déclaration au district de Tulle.

Nous avons fait arrêter un nommé Rouchaud de Chaume et sa femme ex-nobles. L’esprit public parait bon et il n’y a aucune réclamation sur les officiers municipaux.  »

Le curé Jean-Denis Parraud, né le 21 mars 1733, est le seul prêtre du canton de Saint-Chamand que l’on retrouve avec une pension de 1.000 livres sur la liste de l’an vu. Il mourut en 1801.

[SAINT-SYLVAIN]

« Le 4, nous nous sommes rendus à Saint-Sylvain qui a pris le nom de la Liberté. Le Comité de surveillance y était organisé et l’esprit public à la hauteur des circonstances. Sur trois cloches on n’en a donné qu’une pesant environ 800 livres. La municipalité s’est chargée de la faire descendre et conduire à Tulle. Les registres de la municipalité assez en règle, ceux de l’officier public bien, ainsi que le serment du curé et le serment civique de La Planche, prêtre, ci-devant curé de Sainte-Féréole. Les déclarations de grains visitées, il en est résulté que les habitants de cette commune n’ont pas d’excédent, vu le terrain planté en vignes. Point de déclaration de châtaignes, ni de pommes de terres. »

L’abbé Nissou est cité comme vicaire régent à la place de l’abbé Reignac, réfractaire. L’abbé La Planche refusa de prêter le serment prescrit par la loi du 12 juillet 1790 sur la constitution civile du clergé et quitta Sainte-Féréole. Il doit s’agir ici du serment dit : de liberté et d’égalité prescrit par le décret du 14 août 1792 et obligeant tout Français recevant un traitement de l’Etat.

Les douze membres du Comité de surveillance étaient : Gabriel Bétaliole, Pierre Faurie, Antoine Charageat, Jean Espargilière, Martial Combe, Malhurin Mas, François Monteil, Jacques Feyt, Matthieu Arancourt, Charles Massalve, Antoine Gardille, Gabriel Soustrot ; d’après la liste adressée à l’agent du district le 10 pluviôse, an n, signée par le maire : Combes.

[FORGES]

« Le 5, à Forgès, où nous avons fait organiser un Comité de surveillance, les registres en état, ainsi que le serment du curé. Les subsistances n’y abondent pas vu que c’est un pays de vignes. Point de déclarations de pommes de terre et de châtaignes. Sur quatre cloches on en a donné deux pesées en notre présence et qui ont produit 493 livres.

 » Nous nous y sommes informés de Parjadis aîné, on nous a dit qu’il était absent de cette commune depuis plus de quinze jours. Point de réclamations sur les officiers municipaux.  »

L’abbé Chassaing était curé de Forges. L’abbé Jean Géraud Ménager, déporté, et l’abbé Dauzès (Jean-Baptiste Parjadis de Dauzès). réfractaire, étaient de cette paroisse.

Joseph Parjadis de Larebieyre était maire de Forgés. Le 15 avril 1792, ses concitoyens pillaient consciencieusement sa maison du bourg. Le 25 nivôse, an II. il écrivait quand même au district : « .Je crois que je suis un des meilleurs républicains ». L’agent national était Albiac. L’officier public, Eymar Malepeyre. Le Comité de surveillance épuré était composé par : Gabriel Valle, Jean Mas de Grandchamp, Jean Dufour d’Espargilière, Jean Chey de Vialette, Louis Meyssinge de Chamard, Simon Puyhaubier de Brugié, Pierre Leymarie de Chastres, Pierre Beynié de Plos. Pierre Fraissinge de Béchefage, Joseph Monteil de Masquet Bas, et Jean-Paul Chammard de Chastres.

[ALBUSSAC]

« Le 6, à Albussac nous avons fait nommer un comité. On nous y a présenté des titres féodaux qui avaient été retirés de chez un avoué de Tulle, et qui ont été brûlés sur la place en présence du peuple. Nous avons fait conduire à Tulle Bernard Bray, volontaire dans le troisième bataillon de la Corrèze, et qui, se trouvant rétabli, pouvait rejoindre, Nous avons pris des renseignements sur Chastrusse, notaire et procureur de la commune, et l’Assemblée générale nous en a rendu bon témoignage et l’a nommé, en notre présence, membre du comité. Les registres de l’officier public ne sont point en règle et tous les exploits sentent l’ancien régime. Sur quatre cloches, il n’en a été descendues que deux pesant 383 livres, les autres deux pèsent environ 1500. Les déclarations des grains ont été présentées et examinées, et les propriétaires invités à payer en nature les deux tiers de leurs contributions de 1793.

 » L’esprit de la commune ne parait pas être à la hauteur des circonstances.  »

L’abbé Salvet était curé, en remplacement d’Argueyrolles. Deux Argueyrolles sont portés comme entrés aux Récollets, le 28 mai 1793 : L’un comme curé d’Albussac, âgé de 43 ans : l’autre comme ancien curé d’Albussac, avec la mention postérieure : mort. Un seul est sur la liste des émigrés, celle du 30 pluviôse an II, avec le titre de vicaire d’Albussac ; il devait reprendre le service religieux de la paroisse en 1795, et devenir le premier curé après le Concordat.

[MENOIRE]

« Le 7, à Ménoire, nous avons recommandé l’organisation du comité de surveillance. La conduite du citoyen Bourdet, maire a été examinée, la commune en a rendu bon témoignage. Comme l’officier public ne sait pas signer. la commune, sur notre invitation, l’a remplacé par ledit Bourdet. Il n’y a point de curé. Une petite cloche, 30 livres, a été descendue, il n’en est resté qu’une autre. Les déclarations de grains, pommes de terre et châtaignes ne produisent pas une grande quantité de ces objets. »

Le curé Antoine Dupuv, étant réfractaire, devait se cacher dans la paroisse où on le retrouve en 1811.

[NEUVILLE]

« Le même jour nous avons été coucher à Neuville. Nous y avons fait, le lendemain matin, organiser un comité de surveillance. Sur trois cloches on n’en a promis qu’une, qui a été mise à terre et qui pèse environ 300 à 400 livres ; les autres deux peuvent peser de 1500 a 1600 livres. L’esprit de cette commune nous a paru disposé à la Révolution. Nous y avons examiné un château appartenant à Meillac d’Hautebrousse, lequel château par sa position et construction en tours et crénaux circulaires nous a paru dangereux. Les registres de l’officier public en règle, ainsi que les serments du curé, et déclarations de grains, pommes de terre et châtaignes... Le même jour nous sommes arrivés à la nuit au bourg de îa Fraternité. Les communes de ce canton ayant été interpellées les unes après les autres et lors de notre passage chez elles, sur la conduite de Charazacf leur juge de paix, nous n’avons reçu aucune plainte ni réclamation sur lui »

Patus y remplaça, comme vicaire régent l’abbé Longevialle, curé. Ce dernier. sons le nom de Geneste, entrait comme détenu aux Récollets de Tulle le 17 avril 1793 ; son vrai nom était Gaspart Durham de la Geneste ou de Longevîalle ; il avait 56 ans en 1793.

[ARGENTAT]

« Le 9 au matin, nous nous sommes rendus à Argentat. Nous avons pris des renseignements sur certains individus qui nous y avaient été recommandés On nous a fait voir la cloche descendue qui peut peser 1200 livres, Accompagnés des officiers municipaux, nous sommes allés visiter le grenier d’abondance, où nous avons pris connaissance de la quantité de grains qu’il contenait. Sur l’observation du directeur que plusieurs communes n’avaient point obéi aux réquisitions, nous nous sommes fait délivrer un extrait de la quantité qu’avaient versée ces communes et de ce qu’elles devaient encore.

Le lendemain nous y avons fait arrêter et conduire à Tulle sept individus.

[SAINT-PRIVAT]

« Ensuite nous sommes partis et nous nous sommes rendus à St-Privai, pour y voir la société populaire du canton de Servières que nous y savions réunie. Nous avons reconnu que cette société était dans les bons principes et travaillait sans relâche à terrasser le fanatisme et l’égoïsme. Cette assemblée a demandé de changer le nom du canton de Ser vivres et de le nommer à l’avenir par celui de la Régénération. Nous nous sommes rendus le soir à la nuit, accompagnés de plusieurs membres de cette société à Auriac. »

[AURIAC]

« Le 11 la commune rassemblée, nous lui avons dit quelque chose analogue aux circonstances, Tout le monde a été fort disposé à écouter. Un comité a été organisé en notre présence. Les registres en régle ainsi que les serments du ci-devant curé qui était parti pour aller remettre ses titres d’imposture. Les déclarations des grains en offrent une grande quantité. Mais nous ayant été observé que cette commune était dans l’usage d’approvisionner le marché de Pleaux, nous leur avons dit qu’il était nécessaire et indispensable de payer les deux tiers des contribution de 1793 en nature, mais que nous en écririons au comité. Les monuments de !a superstition ont été renversés et brisés depuis quelques jours par les habitants. Ceux-ci nous ont permis de porter à Tulle deux cloches déjà à terre, pesant 800 livres, et en ont conservé autres deux. Ils ont de plus offert à la nation et promis de porter au département : trois calices avec patènes, une tête de soleil, un ciboire, un petit porte-Dieu. Une religieuse de cette commune nous a présenté copie de sa prestation de serment. »

L’abbé Vidal, curé d’Auriac, le resta la tourmente passée. Son vicaire, l’abbé Robert, devenu curé de Julien Quinsac, figure sur la liste des pensionnaires de l’an VIII

Maire Chadirac. Au conseil de la commune : un abbé Barbe que la société populaire de Servières note comme incapable et que Roux Fazillac remplacera. Ne serait-ce pas l’abbé Barbe qui, le 9 frimaire an II (30 novembre 1793), renonçait à la prêtrise au Club des Jacobins de Tulle (Forot, page 338),

Au comité de surveillance : Mongauze. Tau aîné, Béral, Gires du Mons, Puyreymond, Maignac, Combes du Mons, Cassard, Syrieix fils ; Valade, Coucharières, Fages fils.

« Nous avons été coucher, accompagnés toujours de plusieurs membres de la société, qui dans rassemblée d’hier craignant qu’il n’y eut quelque soulèvement dans quelques unes des communes où nous devions passer, arrêta de nous suivre par députation, à Reilhac (Rilhac-Xaintrie). »

[RILHAC-XAINTRIE]

« Le lendemain, nous y avons fait descendre deux cloches pesant environ 800 livres. Les habitants ont voulu conserver les deux autres beaucoup plus pesantes. Les serments du curé en règle. Les déclarations des grains, pommes de terre et châtaignes ont été vues. L’observation faite à Auriac sur l’approvisionnement du marche de Pleaux, nous a été faite à Reilhac ; nous avons fait la même réponse. Accompagnés de la municipalité, nous avons visité un château qui ne nous a pas paru dangereux, et où nous avons trouvé une grande quantité de blé noir, sans compter le seigle appartenant à Gimel, fermier. A près avoir pris note de ses contributions, nous allions ordonner le versement dans le grenier de l’excédent qui est considérable, sans l’observation ci-dessus. Le comité n’avait que sept membres, nous avons recommandé de le compléter.

Le curé du lieu nommé Peyrou a voulu nous remettre ses lettres de prêtrise et avait promis de se régénérer en présence de toute l’assemblée, et s’y refusant, nous n’avons pas accepté ses lettres de prêtrise. La commune nous a promis de porter au département les vases d’argent suivant : deux calices avec leurs patènes, un soleil, un reliquaire, un ciboire et un porte-Dieu. »

L’abbé Peyrou avait remplacé l’abbé Lescure. Réfractaire, l’abbé Lescure émigra, mais reprit sa paroisse en 1803, Deux autres prêtres de Rilhac refusèrent aussi le serment, l’abbé Fourtat que nous retrouverons à St Julien ; l’abbé Jean Vieillefond, prêtre non fonctionnaire, déportable mais caché.

A la municipalité : Peyrou, Mialaret, Charel, Vieillefon et Clarissou. Au comité de surveillance : Faintrenie, Mialaret, Laporte, Picdebœuf, Bardot, Lescure, Besse de Roilières, Lescure, Bac, Charrel Pages, Lavergne, Meyrou. Le 13 prairial an II, Roux Fazillac nommait Vieillefond fils, de Vizit, agent national.

[SAINT-PRIVAT]

« Nous avons été de suite à St-Privat où nous comptions trouver la commune assemblée ; mais il nous a été dit que la foire d’Argentat avait empêché les habitants de se rendre.

Le lendemain 13, l’assemblée formée, la municipalité nous a présenté les registres, qui sont en règle. Il n’y a point de curé depuis longtemps. D’après la vérification des grains, nous avons observé que la commune n’avait point obéi a des réquisitions. Il nous a été répondu que tout le grain était nécessaire. Les cloches au nombre de trois étaient à terre, et pèsent environ 1000 livres, on en a promis deux autres provenant d’une annexe appelée Hautebrousse pesant environ 500 livres. On a aussi promis d’envoyer l’argenterie d’église : deux calices avec patènes, un ciboire, un soleil, une custode. Cette commune veut s’appeler dorénavant Belle Montagne. Le citoyen Meillac d’Hautebrousse a promis un calice avec sa patène.

Le comité était organisé, L’esprit républicain y est gêné ».

L’abbé Leix, curé, avait deux vicaires ; Pierre Capitaine et Joseph Grafeuille ; tous trois réfractaires. Agé de 76 ans, le curé entrait à la maison de réclusion des Récollets le 28 mai 1793. II est sur la liste d’émigrés avec l’abbé Capitaine qui, déportable, se cachait, ainsi que l’abbé Graffeuille. Deux autres prêtres originaires de cette paroisse sont sur la liste des émigrés et furent déportés : Alexandre Duchassant et Jean-Joseph Lacombe, bénédictin.

Membres du comité de surveillance avant son épuration ; Chadirac, maire ; Meilhac, Cisternes, Combes d’Espoux, officiers municipaux ; Bacaresse agent national ; Combe d’Hautebrousse, Hourtoule, Morigal, ChampeiI d’Artige, Dichamp, Vialette.

[DARAZAC]

« Le même jour, nous avons été à Darazac ou nous avons trouvé deux cloches à terre, pesant environ 1.200 livres, sur quatre possédées par la commune, Les serments du curé qu’on nous dit être à Tulle pour les mêmes motifs que celui d’Auriac étaient en règle. Y avons fait organiser un comité de surveillance. Les déclarations de grains, châtaignes et pommes de terre offrent une quantité considérable, mais on fait la même observation qu’à Reilhac et Auriac. L’esprit républicain assez prononcé. Il parait que la municipalité néglige ses devoirs. Les habitants ont offert : deux calices avec patènes, un grand ciboire, un soleil et une petite custode. »

L’abbé Destang était vicaire régent. Serait-ce le Pierre d’Estang qui, le 9 frimaire, an II renonce à sa prêtrise au club des Jacobins de Tulle : Forot p. 328). Il avait remplacé l’abbé Duchassaing, mort le 23 juillet 1791. Le vicaire Jean Amblard, réfractaire, et comme tel sur la liste des émigrés, se cachait dans le pays, « le sabre d’un gendarme lui écorna le chapeau et lui rasa l’oreille pendant qu’il était dans le foin » (Poulbrière, Dictionnaire des paroisses, I p. 429). Après la Révolution il fut curé de Darazac.

Maire : Lafont. Surveillants : François Filliol, Mons, Chadirac, Vialette, Destang, Tiliol, Joseph Gire.

« Nous nous proposions daller coucher à Bassignac-le-Haut, mais sur l’observation que lendemain était jour de foire à Lapleau, circonstance qui attirait presque tous les environs, nous nous sommes retirés à Servières.

Le lendemain, 14, y avons visité un château qui ne nous a point paru dangereux. Et* comme à Reilhac, nous y avons intercepté une lettre adressée par le curé d’Argentat à celui de Reillac, et que cette lettre, outre des expressions fines qu’elle contenait, tendait encore à propager le fanatisme et à une coalition suspecte, avons envoyé un exprès à Argentat devers la municipalité chargée de le faire arrêter, conduire à la maison d’arrêt et d’apposer les scellés sur ses papiers. »

[BASSIGNAC-LE-HAUT]

« Le 15, à Bassignac-le-Haut, où le comité était organisé. Nous y avons trouvé le peuple à la hauteur des circonstances. La commune, qui a reçu des réquisitions pour les grains et qui avait déjà versé, a promis le surplus. Les registres en règle ainsi que les serments du curé qu’on nous a dit être parti pour Tulle avec ceux d Auriac et Darazac et pour les mêmes motifs. Sur quatre cloches, deux sont à terre, elles pèsent environ 1 000 livres.

L’argenterie d’église a été promise : un calice avec patène, un soleil, un ciboire. Comme nous nous sommes informés s’il y avait dans la commune des fusils de munition, on nous a dit qu’il y en avait cinq que nous avons très expressément recommander à la municipalité d’envoyer incessamment.  »

Le curé François Delfau, l’était encore en 1802. Un vicaire, Duffaure. est noté comme réfractaire.

Maire : Battut, Agent national, Bousquet.

[SERVIERES]

« Nous avons visité le même jour Servières, chef-lieu de canton, où nous avons trouvé un comité et une municipalité bien organisés et allant bien. Les registres en règle. Le serment du curé conforme aux lois, Comme nous étions dans l’église, il y est entré, et monté en chaire a prononcé quelques paroles propres à désabuser le peuple sur les fonctions sacerdotales, et a même annoncé d’v renoncer entièrement. Les déclarations des grains, pommes de terre et châtaignes nous ont été fournies. Cette commune peut en verser une quantité. On nous a rendu bon témoignage en faveur du juge de paix, cependant nous le regardons comme insouciant et peu prononcé.

Les cloches étaient à terre, il y en a cinq qui peuvent peser 1200 livres. La municipalité s’est chargée de les faire passer incessamment avec deux calices et leurs patènes, un soleil, deux petits porte-Dieu, un ciboire avec son couvercle, un reliquaire cru d’argent, des chandeliers et lampes de cuivre, enfin tout le linge et ornements de la sacristie ».

Curé, l’abbé François Bayor ; vicaire, l’abbé Reille. L’abbé Bayor entrait aux Récollets le 21 mai 1793 et. comme reclus, figure sur la liste des émigrés. Ce n’est donc pas de lui que parie le rapport des commissaires. Serait- ce du vicaire ? De Servière encore l’abbé Baptiste Philippe Dubac qui fut déporté.
.
Les archives n’ont aucun renseignement sur la société populaire de Servières, si attachée à faire triompher l’esprit révolutionnaire. Il n ’y a qu’un tableau, sans date ni signature, de tous les corps constitués du canton, avec pour chacun des membres la mention : capable ou incapable de faire le bien public.

Juge de paix : Jean Pénières Delzor ; greffier, Antoine de Meilhac. Actes du 11 messidor an II.

[SAINT-JULIEN-AUX-BOIS]

« Le 16, à St-Julien-aux-Bois, où la société populaire de la Régénération. craignant qu’il y eut quelque soulèvement comme cela avait été annoncé, y avait fait rendre ses membres. Le comité de surveillance était organisé. Nous leur avons recommandé de le renouveler, la municipalité va mal. Les registres de l’officier public fort négligés. La prestation de serment de Robert, curé actuel, n’est point sur le registre. Le 24 mai dernier, les citoyens Vachon et Clément, passant à St-Julien, en joignirent à la municipalité de séquestrer les biens de Julien Fourtet, prêtre, ci-devant vicaire à Reillac, réfractaire absent, muni de passeport de cette municipalité. Nous avons réitéré la même injonction sous peine de responsabilité en cas de négligence. Nous pensons qu’il serait à propos que ce comité et cette municipalité fussent renouveler sous la vigilance de la société populaire du canton. Les déclarations de grains examinées, il en résulte que cette commune peut fournir au grenier d’abondance, mais il nous a été fait la même observation qu’à Reillac et Auriac.

En nous retirant, une fille servante du nommé Robbert frère du curé actuel, voyant une troupe de femmes assemblées. leur a crié que si elles faisaient leur devoir elles nous foutraient la bénédiction a coups de pierres. Comme ces paroles tendaient à soulever les habitants, nous avons enjoint à la municipalité de la faire arrêter et conduire à Tulle.

Cette commune a promis de faire conduire à Tulle six cloches déjà à terre, pesant environ 1500 livres, elle est encore soupçonnée d’en cacher une. Un membre de la commune ayant dit qu’il convenait de nous donner la note des vases d’argent, sa proposition a été rejetée sous prétexte que la commune a dit qu’elle voulait les envoyer directement à la Convention. »

En avril 1792. Béronie était curé de St-Julien avec l’abbé Brousse pour vicaire. Le II frimaire an II, le curé entrait aux Récollets, il y mourut. L’abbé Brousse, prêtre réfractaire, est sur la liste des émigrés avec deux autres prêtres de cette paroisse : Lavergne et Delzors Pénières, feuillant. J’ai déjà noté qu l’abbé Robert figure sur la liste des prêtres pensionnaires de l’an VIII avec un autre prêtre de St-Julien. l’abbé Jean Vaur ; ce qui fait deux prêtres pour tout le canton de Servières.

Maire : Peyrou ; il fut remplacé par Vaur de Doulet par arrêté de Roux Fazillac du 13 prairial an II. En messidor de la même année, il y avait au comité de surveillance : Cisterne, président, Hourtoule, Faure, Chassain, Capitaine, Peuch, Jaladis, Chavasse. Il eut à s’occuper du partage des communaux, sans beaucoup de succès par suite de l’opposition et des propos tenus par Toinette Beix, femme d’Antoine Delbos, aubergiste au bourg.

[SAINT-CIRGUES]

«  Le 17, à St-Cirgues, où nous avons trouvé un comité organisé, la municipalité allant bien, le procureur de la commune avec une mauvaise réputation. Les registres en règle ainsi que les serment du curé. Les déclarations de grains et de châtaignes font voir que cette commune peut fournir. Point de déclaration de pommes de terre, il n’y en a presque point pas même pour semer. Cette commune a fait descendre pour conduire à Tulle trois cloches pesant 1200 livres, avec un calice, un soleil, un ciboire et un petit porte-Dieu.

Un membre de cette commune nous a dit que Jean Massoubre, procureur, devait à l’ancien curé 200 francs par billet qui ayant été présenté depuis un an an débiteur par Tronche, neveu dudit curé, fut au même instant déchiré par lui ; comme les biens du curé vont être séquestrés, cette somme revient à la nation et le procureur en est redevable.

Informés que l’avant-veille de notre arrivée il y avait eu un rassemblement de gens armés, que la municipalité après la voir dispersé, en avait dressé procès-verbal, nous en avons requis copie et invité le comité à prendre des renseignements.

La commune de St-Cirgues et celle de St-Julien ayant été invitées à changer de nom. nous ont répondu qu elles s’en occuperaient et préviendraient le département. Elles le firent, St-Julîen devint Julien Quinsac, et St-Cirgues. Cirgues d’Eyge. »

En septembre 1791, l’abbé Canins remplaça l’abbé Tronche, réfractaire, et, comme tel. sur la liste des émigrés avec son vicaire, Jean Cisterne, Après la Révolution, l’abbé Tronche reprit sa paroisse.

[SAINT-GENIEZ-O-MERLE]

« Le même jour, nous nous sommes rendus à Sl-Geniez-ô-Merles qui a demandé à prendre le nom de Genes Lacoste. Le serment du curé n’est pas en règle. Il nous a dit avoir 62 ans et être dans l’intention d’abdiquer ses fonctions sacerdotales, Nous y avons fait organiser un comité. Les registres assez en règle. Les déclarations de grains, pommes de terre et châtaignes faites. Cette commune avait descendu trois cloches pesant environ 500 livres ».

Curé Jean Lassallet vicaire Sudour, De St-Geniez encore Fabbé Pierre Capitaine, jadis vicaire à St-Privât, qui fut porté sur la liste des émigrés. Cependant, en 4797, l’ab- i
bé Capitaine est vicaire régent de cette paroisse ; en 1801, il en est curé, M. Lassale étant mort. Au Concordat, il devenait curé de Servières, où il fondait le petit séminaire.

[SAINT-BONNET-LE-PAUVRE]

« Le 18, nous nous sommes rendus a St-Bonnet-le-Pauvre. Le serment du curé en règle, ainsi que les registres et les déclarations de grains. L’esprit républicain n’y est pas prononcé. Cette commune a descendu en notre présence une cloche, La commune a été invitée de changer de nom. Nous avons visité un château situé aux Rieux, auquel avons trouvé une tour qui nous a paru dangereuse.  »

Curé : Jean-François Cassan - il ne quitta pas la paroisse.

[GOULLES]

« Le même jour, à Goulles. Le cure s’en était retiré avant notre arrivée, il n’a point prêté le serment. La municipalité va bien. L’église était démeublée, les vases d’argent aux mains de la municipalité qui les fera porter au département : deux calices et patènes, un soleil, un ciboire, un petit porte-Dieu et deux cloches pesant 700 livres. Les registres ne nous ont pas été présentés, le maire a été à Tulle pour conduire des bœufs. Le comité y était organisé. Les déclarations de grains ont été vérifiées, celle de châtaignes et de pommes de terre n’ont pas été reçues. Nous avons trouvé sur les registres de la municipalité, et en règle, le serment civique de Janillac, prêtre, qu’on nous a dit n’avoir jamais été fonctionnaire public. »

Curé Jean Fumade, vicaire Julien Valade : peut-être le Julien Valade porté sur les listes d’émigré comme prêtre de St-Cirgues. Pierre Relier, prêtre de Goulles est aussi sur les listes d’émigré.

[SAINT-JULIEN-LE-PELERIN]

« Le lendemain, 19, à St-Julien le Pèlerin, où nous avons recommandé l’organisation du comité et le changement de nom. Les registres en règle ainsi que le premier serment du curé, mais le serment civique n’est point sur le registre. Les déclarations de grains examinées, il paraît que cette commune peut en fournir au grenier d’abondance. On a descendu une cloche pesant 300 livres. La commune offre des vases d’argent mais elle n’en connaît pas la quantité. Les habitants de cette commune ne sont pas à la hauteur des circonstances. »

Curé : Joseph BétailIon.

[SAINT-MATHURIN]

« Le même jour à St-Mathurin où nous avons été très mal reçu. La municipalité insouciante, le vicaire régent y ayant gâté l’opinion publique. Nous y avons été méprisés et insultés en chaire en présence de la municipalité. La femme d’un aubergiste du bourg, soutenue de trois ou quatre de ses partisans, ayant été la cause de ce bruit qui aurait eu des suites, sans l’énergie que fit paraître Bastie, juge de paix du canton de Mercœur, qui jouit de l’estime de tous, et remplit avec zèle les fonctions de sa charge. Les registres ne nous ont pas été présentés, le maire étant à Tulle, Les déclarations de grains vérifiées, il parait que cette commune peut fournir. Une cloche de 300 livres a été descendue et promise. »

Curé : Jean Meilhac, porté en sa qualité de curé sur la liste d’émigrés dressée le 30 pluviôse an II, possesseur de biens à Hautefage. « Il se cacha dans sa famille au village de son nom, paroisse d’Hautefage, et y mourut, le 24 mai 1800, faisant depuis quatre ans, chaque dimanche, le service de sa paroisse », (Poulbrière, III, p. 261).

[CAMPS]

«  Le 20, à Camps où nous avons recommandé l’organisation d’un comité. Les registres sont négligés. La municipalité va mal. Mais il est fort difficile de la bien composer, toute la commune paraissant n’être pas dans les vrais principes, Une cloche pesant 200 livres a été descendue.  »

Deux Villadard étaient curé et vicaire de Camps. Ils refusèrent le serment. L’un. Léonard, à cause de ses 65 ans n’était pas sujet à la réclusion, l’autre, Etienne-Martial déportable, se cachait, Tous les deux furent sur la listé des émigrés, puis rayés par arrêté du département en date du 21 vendémiaire an IV, et, finalement, nous les retrouvons sur une liste de prêtres qui obtinrent un passeport pour l’étranger le 3e jour complémentaire de l’an V, (20 septembre 1797), L’un des deux fut curé de Camps après le Concordat.

[MERCOEUR]

«  Le même jour, à Mercœur où la municipalité va mal. Le maire nous a paru fort récalcitrant et nous a observé qu’il s’était pourvu au département pour conserver les cloches. Les registres de la municipalité n’ont point été communiqués. Ceux de l’officier public dirigé par le curé sont fort négligés. Les déclarations de blé noir et seigle vérifiées, il paraît que cette commune peut verser au grenier public. Il n y a point été reçu de déclarations de pommes de terre, châtaignes, avoine. Cette commune étant comme sa municipalité fort mal intentionnée pour la chose publique  ».

Curé : Antoine Murulhac de Pradel ; il avait prêté serment, avec restriction, d’après les registres de la municipalité examinés à Argentat par les commissaires, A sa mort, en 1801, Jean Langlade, son ex-vicaire, lui succéda.

[REYGADES]

« Ensuite à Reygades, où nous avons trouvé tout en mauvais état. Il ne nous a été présenté ni registre, ni déclaration de grains. Le tout était sur des feuilles volantes qu’avait retiré le curé et qu’on ne pouvait trouver. Les registres de l’officier public sont négligés. Il est à observer que le curé appelé Nissou a ci-devant prêté un serment avec restriction, étant vicaire à St-Bonnet-Elvert.  »

L’abbé Nissou remplaçait à Reygades l’abbé Joseph Gargnes, confesseur de la foi. Le 17 avril 193, il entrait aux Récollets, était déporté à Bordeaux.

Maire, Galidie ; agent national, Chambon ; comité de surveillance : Jean Déjame, Pierre Cavane, Jean Sudour, Jean Vjgier, Jean Gauchie, Bernard Chirac, Antoine Chambon, Géraud Raigade, Pierre Laval, Mathurin Mielvaque, Jean Besse.

[ALTILLAC]

« Le lendemain, 21, à Altillac. Un comité organisé, une municipalité bien intentionnée si elle était dirigée par un bon maire. Les registres assez en règle. Les serments du curé conformes aux lois. Les déclarations des grains vérifiées, il paraît que le haut de la commune peut verser au grenier public. On a offert une cloche pesant environ 300 livres ».

Un abbé Gargnes y remplaça l’abbé Julien Chassaing qui avait refusé le serment. Entré aux Récollets le 2 avril 1793, Chassaing fut déporté à Bordeaux par arrêté du directoire du 22 avril 1793, et mourut curé de Meymac d’où il était originaire.

Maire : Ponchie ; Chauvac président, du comité de surveillance et Poulvelarie secrétaire, messidor an II

[BASSIGNAC-LE-BAS]

« Le même jour, à Bassignac-le-Bas où I’esprit des habitants est très mai disposé. La municipalité allant très mal, le curé dont les serments sont en règle dirigeant tout. Les registres assez en règle. La commune offre une cloche pesant environ 200 livres et le citoyen Chauvet, de cette commune, en offre une autre petite de 60 livres. Le comité y était organisé ».

Goudelou était curé ; Jean Laporte, son vicaire, avait refusé le serment, et, sujet à la déportation, se cachait ainsi qu’un autre prêtre : Simon Ducros. Jean Laporte fut curé au Concordat.

[LA-CHAPELLE-SAINT-GERAUD]

« Le 22, à La Chapelle Géraud. Cette commune veut être appelée dorénavant La Chapelle Beauregard. Nous y avons recommandé l’organisation du comité de surveillance. Le maire dirige tout avec ordre. La superstition y domine encore, mais il paraît que l’esprit républicain la terrassera bientôt. Les registres de l’officier public très mal en règle. Les déclarations de grains vérifiées, cette commune peut fournir au grenier public. Celles de pommes de terre et de châtaignes sont à faire. Le serment du curé avec restriction. Il a été offert une cloche pesant environ 300 livres ».

L’abbé Laffon, curé, passa toute la Révolution dans sa paroisse.

[SEXCLES]

«  Le lendemain, 23, à Sexcle où nous avons trouvé un comité organisé, une municipalité dans les bons principes, les registres bien, les serment du curé de même ; deux cloches à terre pesant 1.1100 livres. La commune peut verser au grenier public, et offre toute sa ci-devant argenterie d’église  ».

Curé, Cirice Jaladis ; malgré son serment il était entré aux Récollets, le 25 mai 1793, et y mourut. Son vicaire Géraud Beix est noté comme sujet a la déportation, mais se cachait. Il fut curé de la paroisse.

[HAUTEFAGE]

«  Le 24, à Hautefage, Les habitants de cette commune sont a la hauteur des circonstances quoique on nous eut dit le contraire. Point de curé depuis 15 mois. L’église entièrement dépouillée de tout signes religieux, la municipalité nantie des vases d’argent ; la commune les offre â la nation, ainsi qu’une cloche pesant 900 livres. Il paraît que cette commune peut fournir au grenier d abondance  ».

Le curé d’Haulefage était l’abbé Quinque sur la liste de 1792. Il avait refusé de prêter serment ; il émigra et mourut à Ancone, le 12 septembre 1795. Son Manuel des Missionnaires, où l’on est étonné de trouver tant de lumières et de vertus réunis, lui vaut une certaine célébrité. Deux autres prêtres d’Hautefage sont encore sur la liste des émigrés : le vicaire Jean Cisterne ut l’ancien curé de Chanteix Benoit Brue ; tous deux déportables se cachaient dans la paroisse.

[ARGENTAT]

« Le 25, Argentat. Nous avons trouvé un comité organisé ; mais renseignement pris mal organisé, car le président de ce comité est Lestourgie, officier de santé, père de deux émigrés. Nous avons ensuite pris des renseignements sur des individus arrêtés et d’autres à arrêter. Dans le moment nous avons reçu du comité central une lettre portant que nous étions rappelés et, sans aucun retardement, nous sommes partis de suite. »

A Tulle, les deux commissaires, résumaient leurs impressions dans un procès-verbal que voici :

«  1. Que dans toutes les communes que nous avons visité, nous avons tâché d’y reconnaître l’esprit et mœurs qui y régnaient.

2. Que nous avons loué celles que nous avons trouvé dans les vrais principes de la Révolution, leur avons recommandé de s’y maintenir, que leur bonheur en était assuré.

3. Que celles qui n’étaient pas assez instruites, mais dans de bonnes dispositions à vouloir se conformer aux lois, nous avons tâché de les rassurer, de leur faire espérer qu’on les instruirait sur tout ce qui pourrait avoir trait à les rendre heureux, qu’on les admettrait au nombre des premières en les protégeant et en leur distribuant tous les secours de la vie, mais qu’il fallait s’en montrer digne par les sacrifices des abus et faux préjugés.

4. Que celles au contraire qui se montraient mal, cela ne provenait que de leurs ennemis qui, jaloux de leur tranquillité et de leur bien-être employaient des moyens illicites pervers et illusoires ; que tels individus n’étaient que des égoïstes, des désorganisateurs, des ministres du fanatisme et, comme tels, les tenaient dans l’ignorance des lois et du leurs devoirs, les plongeaient dans l’erreur la plus profonde, les exposaient à des poursuites rigoureuses et les entraîneraient à grands pas dans l’abîme. Qu’elles avaient cependant encore quelque temps à ouvrir les yeux, à observer les manœuvres perfides de ces scélérats, à prendre en conséquence les moyens de s’en délivrer, en les faisant connaître et en les dénonçant comme tels, qu’alors on les recevrait à cœur ouvert dans la société fraternelle de la République.

5. Nous avons trouve des communes entières prononcées pour chacune des trois classes ci-dessus ; en avons rencontrés d’autres où l’esprit partagé régnait sous des principes différents. Notre journal le constate.

6. D’après nos prédications et nos exhortations familières dans chaque commune, nous en avons trouvé d’empressées à abattre et céder leurs cloches, à se dépouiller des signes de fanatisme et du superstition. En descendant et cassant devant nous les fantômes ci-devant religieux nous offrant les vases d’argent qui servaient au culte des faux préjugés qui avaient servi jusqu’ici à tyranniser leur esprit et corrompre leur cœur, se montrant en même temps les plus sensibles aux besoins de leurs frères et se disposant à partager avec eux leurs facultés et leur subsistance.

7. Nous étant informes de la conduite et régime des juges de paix, des comités de surveillance où il y en a eu d’établis, des sociétés populaires, enfin des municipalités, nous n’avons eu aucun reproche contre les juges du paix, nous avons trouvé au contraire des municipalités et des sociétés bien mal organisées, Nous leur avons recommandé de se constituer différamment et de se conduire dorénavant par les vrais et bons principes.

La société populaire de Servières a opéré dans cette contrée le plus grand bien, tenant das séances ambulantes et fréquentes dans toutes les communes voisines.

Nous avons cependant trouvé un jeune homme nommé Peyrou, de St-Julien, officier de santé, qui dans certaines assemblées, comme à St-Privat, jour de séance de ladite société populaire de Servières où nous assistâmes, y faillit occasionner du désordre et même se faire des affaires avec quelques membres ; comme aussi à St-Julien, où quelques jours avant notre arrivée, il avait provoqué un rassemblement mal intentionné, comptant que nous nous y serions rendus ; enfin, à St-Privat, lors de notre visite, il avait suscité la Commune à nous mal recevoir ; dans bien d’autres occasions il a fait tout ce qu’il a pu pour dissoudre ladite société. De telles manœuvres nous l’on fait regarder comme un muscadin, un désorganisateur, un perturbateur du repos public,

8. Malgré que nous n’ayons pas eu la satisfaction de faire dans les 28 communes que nous avons parcouru tout le fruit que nous aurions désiré, et que nos opérations n’aient pas été suivies d’un succès si avantageux que nos commettants espéraient de nous, nous ne croyons pas avoir rien négligé pour remplir notre tâche. Nous espérons que l’administration aura reçu ou recevra sous peu 19.700 livres de métal de cloches, mieux de 50 livres pesant argent ou 100 marcs, sans parler des ci-devant ornements et linges d’église.

9. Nous finissons par vous observer que dans différentes communes où nous avons passé, il nous a été dénoncé plusieurs personnes sujettes à l’arrestation, mais des localités orageuses s’y étant opposées nous nous sommes bornés à en prendre les noms et à vous les dénoncer.

Les noms de celles de la commune de Servière, actuellement la Régénération, sont contenues dans la liste remise par le comité de surveillance et que nous allons déposer sur le bureau. (Cette pièce n’existe plus).

Dans la commune de St-Julien Albois, il nous a été dénoncé la citoyenne Béronie du bourg, comme sœur du ci-devant curé réfractaire de cette commune, et comme parfaite aristocrate, cependant actuellement absente. Une religieuse, fille à Pénières juge de paix. Une autre religieuse appelée Pouty de Doulet.

A Camps ; Jean Gorse. père d’émigré, avec ses deux filles.

A AItillac, un noble appelé Jean Pesteils de la Mazaurie, qu’on nous a dit fou. en cette qualité nous l’avons laissé sous la surveillance de la municipalité. Trois religieuses : l’une appelée St-Paul, demoiselle Marbot âgée de 50 ans ; une autre appelée Marie Coste, âgée de 26 ans, et l’autre appelée Marie Bichirand, âgée de 80 ans.

A Argentat ; le comité de surveillance nous a dénoncé à notre départ : la femme de Delzo émigré et sœur d’émigré ; la femme de Dumont de la Fançonie, émigré ; le père de Dumont qu’on nous a dit pourvu d’un certificat de civisme non visé par le comité central ; la fille de ce Dumont, sœur d’émigré qu’on nous a dit avoir été élargie par le comité central ; Roudier et sa femme, père et mère d’émigré ; la veuve Debard, mère et sœur d’émigré ; Dufaure de St-Martial et sa femme, père et mère d’émigré : Clare, veuve Labrousse, mère de quatre émigrés ; Lestourgy, officier de santé, père de deux émigrés ; Dumas, capitaine de la ci-devant compagnie des chasseurs, pour avoir fait sur la place un rassemblement de 36 individus armés pour opprimer les patriotes ».

En somme, nos deux commissaires avouent que cette partie du département, toute comprise dans l’ancien diocèse de Tulle, résistait au nouvel ordre des choses, restait fidèle à sa foi. Prudents, Brun et Dubernard ne paraissent pas avoir heurté ces populations par de tapageuses manifestations, comme, par exemple, leurs collègues d’Ussel occupés à cette même époque à soumettre Meymac et ses environs en révolte depuis le 20 frimaire. Mais habiles, ils groupent dans les corps constituées les partisans les plus résolus de la révolution, les chargent de se surveiller les uns les autres, de faire appliquer les lois et de faire taire tous les murmures suspects par la menace de la maison d’arrêt. Et dès lors, il en fut pour quelques années de ces populations comme des vieux clochers ; jadis, ils tintaient dans la paix des campagnes l’heure de la prière et du travail, et maintenant, vides de leurs cloches brisées pour faire des armes, ils se taisaient.

Abbé Et. CANTONNY.


[1Archives de la Corrèze, L. 53.

[2Archives de la Corrèze, L. 744.

[3Une fois pour toutes je note les principales sources consultées pour ces quelques notes sur les prêtres. Tableau général des prêtres fonctionnaires publics, curés remplacés ou démissionnaires dressé en avril j792 : Archives de la Corrèze L 279. L. 376 ; Tableau des mises en surveillance, L 279 ; Tableau des pensionnaires dits ecclésiastiques du 29 brumaire an VIII, L 279 ; Noms des prêtres assermentés qui sont entrés dans la maison des Récollets de Tulle. L 287 ; Liste des prêtres élus en septembre 1791 et approuvés par l’évêque de Tulle le 23 juin 1792 L. 376 ; Liste des prêtres inconstitutionnels Q 432 ; Listes d’émigrés Q 423

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